Extrait
La femme- En ce moment chez moi y a deux saisons
La saison de la chambre et celle du salon
La chambre est à l’est le salon à l’ouest
A l’est c’est l’été, la torpeur, le ventilateur
Au sud c’est la fraicheur printanière
J’invite April à l’est pour la ramener vers son environnement naturel
Je l’invite en mars. Je l’invite en avril. Je l’invite en mai
Je l’inviterai sans doute en juin aussi et après.
Depuis qu’elle est là je dors le jour
Je ferme les stores, les rideaux. Je mets April en fond d’écran et je dors.
La nuit je surveille la ville.
Les hélicoptères de l’armée me surveillent pour s’assurer que je n’enjambe pas la fenêtre
Il faut refréner les suicides pour pas saper le moral des travailleurs.
Certaines nuits quand je hurle comme un loup, ils m’aspergent de produit antiseptique pour que je la ferme.
Je ne sais pas comment ils m’entendent. C’est dans ma tête que je hurle.
C’est l’histoire d’une amitié improbable entre une girafe virtuelle accusée de pornographie et une jeune femme qui décide de renoncer à donner la vie. Ce texte questionne les jugements de valeur et la valeur que l’on donne aux choses et aux gens.
Forme courte lue lors du Festival des 4 chemins, Haïti en novembre 2021.